Voitures électriques : La vraie-fausse solution.

La majorité des batteries de voitures électriques pèsent autour de 300 kg. 186 kg pour une Fiat 500-E, 326 kg pour une Zoé, 400 kg pour une Tesla. Mais il existe également des modèles plus lourds, comme l’Audi e-Tron avec sa batterie à 700 kg.

Selon des calculs effectués par le Bureau de recherches géologiques et minières, on exploite environ 21 tonnes de minerai véhicule électrique.

Ce type de batterie se compose de lithium, de cobalt, de nickel et de graphite sur son électrode négative.

Pour obtenir quelques kilos de ces métaux rares, il faut donc extraire plusieurs tonnes de terres et minerais. « Il faut aller chercher la matière dans la croûte terrestre. Le lithium, le cobalt, etc. sont à l’intérieur de quelque chose. Pour y accéder, il faut exploser de la matière première », explique la professeure Karine Samuel.

Mine de Lithium au Mexique. Bien que des alternatives apparaissent, le lithium est actuellement obtenu soit à partir de mines de roche, soit par évaporation de saumure. (Crédits : Reuters)

Le problème est que cette exploitation minière n’est pas sans conséquence sur l’environnement

Le lithium, présent en quantité sur le sol français, est un élément clé dans la fabrication des batteries des voitures électriques. Ces dernières sont censées être les seuls véhicules neufs à être vendus dans l’Union européenne à partir de 2035.

« On n’a pas de pétrole, mais on a du lithium. » Emmanuel Macron manie avec brio les références à ses prédécesseurs. Le 26 octobre 2022, dans une interview accordée à France 2, le président de la République a remis au goût du jour la célèbre phrase prononcée par Valéry Giscard d’Estaing, au lendemain du choc pétrolier de 1973.

Emmanuel Macron, Interview télévisé sur France 2 en 2022

On le retrouve dispersé aussi bien dans des roches, des terrains argileux que dans des saumures (mélange d’eau et de sels). Il faut donc passer par l’extraction et divers traitements chimiques pour obtenir le produit fini. Un procédé qui se révèle lent, énergivore. Et qui nécessite de très grandes quantités d’eau, ressource de plus en plus rare.

 On ne sait pas extraire de la matière du sous-sol de façon propre

La mine de cuivre “Frontier” à Sakania, à la frontière avec la Zambie, dans l’extrême sud-est de la province minière du Katanga, en République Démocratique du Congo, propriété du fonds d’investissement kazakh basé au Luxembourg ERG (Eurasian Resources Group), a été photographiée le 3 mars,2015.

Face à l’argument d’une souveraineté énergétique via le lithium, des inquiétudes persistent sur les conditions d’extraction du minerai.

« On ne sait pas extraire de la matière du sous-sol de façon propre, car, une mine, ça implique toujours à côté une grosse usine chimique de transformation, ce qui entraîne une exploitation, et à terme une pollution, de l’eau et des quantités importantes de déchets qu’on ne sait pas gérer», s’est insurgé Antoine Gatet, vice-président de France nature environnement (FNE).

Auréolée par le gouvernement, la voiture électrique est présentée comme l’alternative vertueuse aux véhicules essence. Toutefois, le 12 octobre, l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a établi dans un rapport que seules les voitures électriques légères et dotées de batteries peu puissantes sont moins polluantes que les modèles thermiques.

Barbara Pompili, la ministre de la Transition Écologique, insiste sur la nécessité d’extraire en France du lithium. Il n’est pas sain de faire semblant de croire que tout cela arrive sans dégâts sociaux ou environnementaux.

Si sur le papier, l’extraction de lithium en France permettrait de limiter les émissions de gaz à effet de serre, pourtant les écologistes eux-même contestent nombre de ces projets.

En Bolivie, le pays qui détient les plus grandes réserves du monde, le mode de production de l’or blanc — très gourmand en eau — a aggravé la sécheresse. En Chine, les sites de production de ces minerais ont des conséquences désastreuses sur les villages aux alentours, selon un reportage du Monde paru en 2012, certains sont même surnommés « villages du cancer ».

Manifestation en France

En fait, l’écologiste occidental lambda veut des voitures électriques, pour sauvegarder « l’avenir » de ses enfants, au détriment du « présent » des enfants du Congo, de Chine ou de Bolivie. Il ne veut que délocaliser la pollution loin de chez nous.

Un autre problème majeur est l’exploitation des enfants dans les mines de cobalt.

« Lors d’une visite récente dans la ville minière de Kolwezi (sud de la RDC), un de nos envoyés a constaté une augmentation significative de l’exploitation à petite échelle du cobalt l’an passé, alors que les cours du cobalt ont enregistré une forte hausse en réponse à l’augmentation de la demande des consommateurs », écrivait L’ONG Amnesty International en 2018.

« Armés d’un tamis de fortune, une dizaine d’enfants en haillons pataugent dans une flaque d’eau boueuse. “Il n’y a rien dans ce sac-là, je retourne à la mine”, s’exclame Domi, 11 ans. Le garçon reparaît, chargé d’une vingtaine de kilos de gravats. De petites pépites de cobalt surgissent bientôt dans le tamis, suscitant de larges sourires sur les visages juvéniles : les enfants ne rentreront pas chez eux les mains vides. “Quand je trouve quelque chose, je ramène un peu de manioc à la maison”, jubile Bonheur, 6 ans, membre de la petite bande de “creuseurs” !

Dorcas Musinga, 51 ans, une mère de famille élevant ses enfants dans un bidonville du centre-ville de Kolwezi, nous déclare : “Tous mes enfants viennent creuser avec moi”. Derrière elle, un groupe d’enfants pioche hâtivement la pente du remblai de couleur ocre. “C’est une activité très dangereuse, car les pentes du terril peuvent s’effondrer à tout moment. Des enfants meurent fréquemment ensevelis sous des éboulements”, murmure Dorcas.

Pour Donat Kambola, un avocat spécialiste des droits humains basé à Kolwezi, “Il n’y a pas une seule mine congolaise qui soit conforme au Code minier”. L’État en tant que tel n’existe pas en RDC. C’est une bande d’individus qui prennent en otage les institutions pour se servir, et cette corruption endémique empêche d’appliquer la loi », regrette l’activiste.

Pourtant, le business continue. Au fond de l’une des principales mines industrielles de Kolwezi, située en plein centre-ville, une puissante détonation retentit. « Ils agrandissent la mine à coup de dynamite. Bientôt, nous serons expropriés », conclut Monga Chadrak, les yeux dans le vague. Ainsi vont les mines du Lualaba, où l’on meurt au bruit des explosifs pour quelques grammes de cobalt.

Impact écologique, impact social, impact humanitaire : Non, la voiture électrique n’est « pas un miracle »

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