L’appel ? Ou la Pioche ?

Il y a quelques années, en plaisantant, j’avais dit à ma femme que j’allais écrire une brochure sur le sujet de l’Appel de Dieu et qu’elle porterait le titre : « L’Appel ? (la pelle) Ou la pioche ».

Pourquoi ce jeu de mots ? Je voyais si souvent autour de moi des gens qui ressentaient « l’Appel de Dieu », mais qui ne savaient pas exactement comment le définir. Ils semblaient alors « piocher » un peu au hasard, dans la pile des « ministères » communément reconnus ou dans celle des besoins de leur église locale, un travail à accomplir pour Dieu.

Cela devenant vite pour eux un travail de forçat !

Cela a conduit beaucoup de gens à croire que si un ange de trois mètres de haut avec des ailes en or n’apparaît pas devant eux, alors, ce n’est pas la volonté de Dieu qui est exprimée.

Pourtant, nous pouvons voir dans la bible que Dieu parle tantôt dans la tempête, tantôt dans un doux murmure, et parfois même en se taisant !

Des intuitions : « Il m’a semblé bon… »

On entend souvent dans les milieux évangéliques l’expression : « J’ai à cœur ». Je me souviens d’un jour, quand j’étais jeune chrétien, où j’avais expliqué à mon pasteur que j’avais à cœur de former une équipe avec les ados de l’assemblée pour faire de l’évangélisation dans les rues.

Nous venions de terminer l’école biblique avec Cathy et nous avions envie de servir. Il me dit alors :

—  Encore un qui est victime du « Jack’s syndrome ».

Devant ma mine ahurie, il me dit :

– Bon. J’ai à cœur ceci, j’ai à cœur cela, j’ai à cœur : JAC… Avec Dieu, on n’a pas à cœur ! On entend sa voix et on obéit.

J’étais reparti tout penaud, ne sachant pas quoi penser et surtout quoi faire de mon « envie » de servir.

Il est pourtant intéressant de noter comment Luc introduit son Évangile : «Il m’a semblé bon, après avoir fait des recherches exactes sur toutes ces choses depuis leur origine, de te les exposer par écrit d’une manière suivie, excellent Théophile, afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus. [1]

Il semblerait que l’un des quatre évangiles ait été écrit non sur la base d’une révélation, mais bel et bien sur celle d’une intuition !

On aurait tendance à imaginer que si Dieu a conduit Luc à écrire ce récit de l’évangile, qui figure dans le canon des livres inspirés et reconnus par l’ensemble du monde chrétien, ce dernier aurait dû avoir “au moins” une vision, si ce n’est l’apparition d’un ange.

Et bien non ! Dieu a inspiré Luc en lui mettant à cœur une intuition assez banale. Ce serait plutôt bien que tu fasses un résumé de la vie de mon fils ici-bas.

Cette impression a dû, évidemment, faire son chemin au milieu des pensées du médecin grec, et certainement être confirmée par d’autres. Néanmoins, au départ, il s’agissait bien d’une idée.

J’imagine parfois Luc en train de discuter avec Paul quelques jours après le naufrage à Malte.

— Tu sais Paul, cette fois-ci on a bien failli y rester.

— Tu exagères, je vous avais dit que ça allait bien se passer.

— En tout cas ça m’a donné une idée. Il ne faudrait pas que nous mourions sans laisser une trace écrite de tout ce qui s’est passé quand Jésus était avec nous ici-bas. Et puis aussi, un jour, pourquoi pas, raconter ce qui s’est passé après, avec Pierre, et aussi avec Étienne, et pourquoi pas une “saga” de tes voyages. On appellerait ça les aventures de Paul & Timothée…

— Bon, Luc, là tu délires! D’abord ce titre! Pierre et les autres ne vont pas apprécier, et de toute façon, je ne suis même pas sûr qu’ils lisent les lettres que je leur envoie»!

Des sentiments très simples au départ peuvent s’avérer une directive du Seigneur. Nous laisserions-nous aller à croire que Luc aussi souffrait du «Jack’s syndrome» ?

Pendant une grande partie de ma vie chrétienne, j’ai voulu rejeter les intuitions. Les considérant souvent comme trop charnelles, si ce n’est « occultes », je m’en méfiais.

Pourtant il arrivait que celles-ci deviennent tellement persistantes que je ne pouvais plus les ignorer.

Alors bien sûr, on ne peut pas partir sur les chapeaux de roues à la première idée qui nous passe par la tête. Cependant, j’ai appris avec le temps à discerner dans le brouhaha de mes pensées celles qui sont dignes d’intérêt et à les approfondir.

Cela a parfois été le commencement de grandes aventures avec le Seigneur.

Nous pouvons voir ce principe énoncé dans la définition même du mot intuition : 

«Connaissance directe et immédiate d’une vérité qui se présente à la pensée avec la clarté d’une évidence, qui servira de principe et de fondement au raisonnement discursif»[2].

Il est intéressant de noter ce qu’en disait Henri Poincaré : « C’est avec la logique que nous prouvons, mais avec l’intuition que nous trouvons »[3].

Il me semble que c’est souvent la façon dont Dieu use pour nous conduire.

Nous avons l’intuition qu’Il attend de nous quelque chose. À partir de là nous cherchons la « preuve » que notre intuition est fondée.

Le danger vient de ce que l’on se met parfois en marche sur une intuition sans vraiment avoir réfléchi à tous les aspects. Mais si l’on se donne la peine de faire deux ou trois vérifications basiques comme :

  • Est-ce bien biblique [4] ?
  • Est-ce que ça correspond à ce que Dieu dirait [5] ?
  • Est-ce que ça va dans le sens de ce que Dieu m’a déjà demandé ?

Pour le point numéro un, cela ne devrait pas prendre beaucoup de temps si vous êtes un lecteur assidu de la Bible.

Pour le second, il en va de même, mais demande que votre relation avec Dieu vous permette de reconnaître sa voix.

«Mes brebis écoutent ma voix, je les connais et elles me suivent»[6].

Trop de gens aujourd’hui connaissent beaucoup de choses au sujet de Dieu sans le connaître véritablement en personne. Ils deviennent vite des « accusateurs » quand vous leur parlez de votre désir de faire quelque chose pour Dieu.

Enfin, pour le troisième point, je voudrais vous dire que je n’adore pas une girouette.

J’ai vu si souvent, quand j’étais pasteur, des gens qui venaient me voir tous les 15 jours en commençant systématiquement la conversation par un tonitruant « Dieu m’a dit » !

Le problème, c’est qu’il semblait que Dieu avait changé d’avis d’une fois sur l’autre. Dieu n’est pas comme ça du tout. Voici comment lui-même se définit dans sa parole «Dieu n’est point un homme pour mentir, ni fils d’un homme pour se repentir. Ce qu’il a dit, ne le fera-t-il pas? Ce qu’il a déclaré, ne l’exécutera-t-il pas»? [7]

De la même façon, Paul nous explique : «Car Dieu ne se repent pas de ses dons et de son appel».[8]

Il faut que les chrétiens arrêtent de croire que chaque matin Dieu se réveille, vous voit, et se demande ce qu’il va bien pouvoir faire de vous aujourd’hui !

Dieu a non seulement un plan bien précis pour vous, mais en plus il vous a donné dès le départ tout le nécessaire pour que vous puissiez le réaliser.

«Car moi je connais les projets que j’ai conçus en votre faveur, déclare l’Éternel : ce sont des projets de paix et non de malheur, afin de vous assurer un avenir plein d’espérance». [9]

«Avant de t’avoir formé dans le sein de ta mère, je t’ai choisi; et avant ta naissance, je t’ai consacré : je t’ai établi prophète pour les nations». [10]

Il n’y a pas de hasard avec Dieu. Avant même la fondation du monde, Il avait déjà préparé un plan pour la rédemption de l’humanité. Il a un plan pour chaque être humain, un plan A, un plan B, un plan…

Pour savoir maintenant si une intuition vient de Dieu ou pas, l’un des points qui attirent toujours mon attention est la persistance de cette intuition.

 J’ai des dizaines d’idées qui me passent par la tête chaque jour. Ça va, ça vient… mais parfois une idée ne me quitte pas. Je m’endors avec le soir et je me réveille avec le matin !

Cela dure souvent jusqu’à ce que je décide d’y prêter plus d’attention. Ce n’est pas forcément une idée « inspirée », mais on se doit de le vérifier.

Quand j’avais 15 ans, j’ai commencé à enseigner la voile dans le club où ma mère était secrétaire. J’ai découvert que j’avais un don pour expliquer les choses aux gens et qu’en plus, j’aimais ça ! Quelques années plus tard, je donnais des cours de français en Nouvelle-Zélande et je me régalais à le faire aussi.

Dès que je me suis converti, j’ai commencé à partager la parole de Dieu, ce qui faisait dire à beaucoup que j’étais un évangéliste. En fait, j’aimais faire comprendre aux gens ce que disait la bible et comment cela pouvait impacter notre vie. J’ai toujours aimé partager avec les gens ce qui me passionne.

Je suis devenu moniteur de voile et de plongée, formateur d’animateur, de directeur de colos… puis formateur en FLE (Français Langue Étrangère), etc. Tout le monde s’accorde à dire que je suis doué pour enseigner.

… Et la prophétie ?

En 1991, quand nous étions à l’école biblique, un ministère prophétique me donna une parole sur ce que Dieu m’appelait à faire : enseigner la parole de foi et de grâce du Seigneur et lever une armée au sein de son peuple

5 ans plus tard, je rencontrai de nouveau ce ministère à une conférence. Nous ne nous connaissions pas et ne nous étions pas revus depuis l’école, mais quand il se mit à prophétiser de nouveau pour moi, il commença par répéter la dernière phrase de la prophétie donnée à l’école biblique 5 ans auparavant.

Aujourd’hui encore, mon ministère est basé sur les dons que Dieu m’a donnés depuis le sein de ma mère et sur les thèmes que ce ministère avait prophétisés. Je me régale à enseigner, à travers mes livres, dans des écoles bibliques, dans mes relations avec les chrétiens que je côtoie, ou encore dans les cours de français que je donne ou dans le cadre de mon monitorat de plongée.

Est-ce que mon ministère a évolué ? Bien sûr ! Mais tout au long des années, j’ai vu et revu ce fil conducteur présider aux choix que nous faisons pour notre ministère et notre famille.

Extrait de mon livre Passeport pour une marche par l’esprit.


[1] (Luc 1 : 3-4).

[2] Dictionnaire Français en ligne.

[3] Mathématicien, philosophe, physicien et ingénieur français, Henri Poincaré (1854-1912) est considéré comme l’un des derniers grands savants universels. Grand vulgarisateur scientifique, il a accordé une place de choix à l’intuition. Elle est pour lui celle qui permet la création et l’invention en mathématiques.

[4] Dans son sens intégral et non dans le sens légaliste.

[5] Dans le sens du caractère de Dieu

[6] Jean 10 : 27

[7] Nombre 23 : 19

[8] Romain 11 :29

[9] Jérémie 29 : 11

[10] Jérémie 1 : 5

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