Une histoire de vieille outre rapiécée qui fuit de tout côté.
En 1993, au tout début de l’œuvre Souffle Nouveau, alors que nous étions tous euphoriques à la vue de ce que Dieu faisait au milieu de nous, de la liberté qui semblait régner au milieu de nous au vent de « folie » qui nous poussait à tout donner pour le Royaume de Dieu, j’avais reçu une vision.
Je voyais Jésus qui se tenait en haut d’une colline, les bras chargés de victuailles de toutes sortes, prêts à bénir ceux qui s’approcheraient. Au bas de cette colline, des tas de gens étaient occupés à ramasser des herbes amères dans des paniers d’osier. De temps en temps, ils regardaient vers Jésus avec envie, mais pour autant, aucun d’eux ne cessait sa collecte pour s’approcher du Christ ? Debout à ses côtés, je pouvais sentir le désarroi de mon sauveur…
Je vous ferais grâce ici des différents messages que cette vision m’a inspirés au cours de ma longue carrière de prédicateur, sur les pas de foi, le fait de tourner le dos à son passé, etc.
Ce matin, nous discutions avec mon épouse du fait que le monde semble se dégrader spirituellement et que beaucoup de monde appelle à la prière dans les milieux évangéliques pour lutter contre cette tendance et voler au secours de nos valeurs judéo-chrétiennes. Mais ces choses ne sont-elles pas annoncées de longue date, dans la bible ? C’est ce que je dis dans un post que j’ai fait au sujet de la cérémonie d’ouverture des JO.
C’est durant cette conversation que le souvenir de cette vision est revenu vers moi comme un boomerang lancé il y a trop longtemps, et que j’aurais oublié.
Refuser le plan de Dieu, parce qu’il n’est pas « confortable ».
“Dès lors Jésus commença à faire connaître à ses disciples qu’il fallait qu’il allât à Jérusalem, qu’il souffrît beaucoup de la part des anciens, des principaux sacrificateurs et des scribes, qu’il fût mis à mort, et qu’il ressuscitât le troisième jour.
Pierre, l’ayant pris à part, se mit à le reprendre, et dit :
A Dieu ne plaise, Seigneur! Cela ne t’arrivera pas”.
Dans ces appels à la prière, beaucoup annoncent un grand réveil à venir, et je crois en effet que ce réveil est là, à notre porte. Mais hélas, beaucoup n’arriveront pas à le reconnaitre quand il sera là, car il n’aura ni la forme, ni le contenant, ni le parfum de ceux que nous avons pensé être le « réveil » jusqu’à présent.
En 1999-2000, à l’ile de la Réunion où nous étions missionnaires, nous avons vécu quelque chose que nous avions qualifié de réveil. Plus de 200 baptêmes en 18 mois, des vies transformées, des guérisons, des délivrances, etc. Mais sur cette lancée magnifique, nous avons rencontré un mur. Nous l’avons pris de plein fouet et ça à fait mal, très mal… à l’église, à moi, à ma famille. Nous avons pris une année sabbatique en 2001.

J’étais dévasté, j’avais toujours cru que dans cette œuvre, nous étions différents, que cela ne pouvait pas arriver. Dieu nous avait parlé, on ne faisait pas les choses comme tout le monde, on était meilleurs, plus spirituels, moins religieux… en tout cas, c’est ce que j’avais cru. Mais j’avais tort… on avait juste fait comme tout le monde, depuis 20 siècles. Je suis sorti de là plein d’amertume.
Mais qu’est-ce qu’un réveil.
J’ai trouvé beaucoup de définitions différentes sur internet. Je vous en livre deux ici : « Le Réveil d’une Église est un mouvement de conversions à Dieu. Qu’un homme se tourne vers son Père à la manière de l’enfant prodigue et qu’il prenne la résolution de changer de vie, c’est une chose admirable, un miracle de l’Esprit. Que vingt, trente, quarante personnes prennent cette décision et entrent dans la vie, c’est un Réveil. » J’avoue ne pas être vraiment d’accord avec cette définition à laquelle je préfère celle-ci, trouvée aussi sur internet : « Le Réveil commence lorsque les croyants sont profondément insatisfaits de la vie spirituelle de l’Église en général et de la leur en particulier. Ils se rendent compte que la Parole de Dieu promet quelque chose de meilleur. Ils prient parce qu’ils ont soif qu’une nouvelle vie se répande, à commencer pour eux-mêmes. »
Ceci me parait plus en adéquation avec la parole de Jésus, dans Apocalypse 3 : 20 « Aie donc du zèle, et repens-toi. Voici, je me tiens à la porte, et je frappe ». Les conversions et les miracles sont le fruit d’un réveil, pas un réveil en soi. Un réveil, c’est avant tout une question de repentance. La prise de conscience individuelle et collective de l’état de torpeur dans lequel est le corps de Christ et des raisons qui mènent à cet état.
Des herbes amères dans un panier.
Une de ces raisons, c’est la forme que l’église a prise dans son histoire durant 20 siècles ! J’en parle dans un article précédent sur « ce que nous avons appelé l’église ».
Force est de constater aujourd’hui que beaucoup de chrétiens ont aujourd’hui déserté les assemblées, malgré l’injonction de Paul de ne pas cesser de s’assembler. En faisant des recherches pour cet article, je suis tombé sur des chiffres assez intéressants.
La fréquence et l’intensité de la pratique religieuse en France varient en fonction de la religion déclarée : seuls 8 % des catholiques fréquentent régulièrement (au moins une fois par mois) un lieu de culte, contre un peu plus de 20 % pour les autres chrétiens (protestants et évangéliques confondus) et les musulmans. Enfin 34 % des juifs ont une pratique régulière de la religion. (Source Insee — 2019)

Si l’on en croit ces chiffres, et il n’y a pas de raison de ne pas le faire, 80 % des chrétiens qui se disent protestants évangélique ne sont plus aujourd’hui régulier dans leur fréquentation de l’église locale. Sont-ils pour autant rétrogrades ? Permettez-moi d’en douter.
Ceux que j’ai rencontrés au cours de 30 ans de ministère l’étaient rarement. Ils ne pouvaient simplement plus supporter la dichotomie avérée entre ce qu’ils comprenaient de l’évangile et ce qu’ils vivaient au sein de leurs églises. Beaucoup ont vu peu à peu leur cœur se remplir d’amertume, de rancœurs, de colères, de rejets. Combien, quand ils ont exprimé leurs doutes, se sont fait rabrouer ? Je le sais bien, je l’ai fait moi-même quand j’étais pasteur. Combien de fois n’ai-je dit à celui qui se plaignait du manque d’amour dans l’église qu’il n’avait qu’à en amener plus lui-même ! J’ai honte aujourd’hui d’avoir répondu ça de façon si arrogante devant une constatation somme toute légitime de ces gens.
Un frère, que je n’avais pas vu depuis longtemps, me disait qu’il n’avait jamais été aussi jugé, condamné et donc meurtri que durant ses années dans l’église. En qualité de pasteur, je suis contraint de reconnaitre qu’il en a été de même pour moi.
Déjà à l’époque, un pasteur à qui j’avais fait part de mes réflexions sur le sujet quand j’étais à l’école biblique m’avait répondu : « tu as bien trop d’attente, l’église, ce ne sont que des gens comme tout le monde » ! C’est vrai, hélas, pourtant ça ne devrait pas l’être. Ne sommes-nous pas censés être différents ? Être comme tout le monde et l’accepter est un principe qui a trop souvent fait de nos assemblées des « paniers d’herbes amères ».
Faut-il sauver le système ?
Je lisais ce matin (05/08/2024) un article sur le site de RFI (Radio France International) qui annonçait qu’au Rwanda le gouvernement avait fermé près de 4000 lieux de culte en quelques semaines, principalement des églises évangéliques, mais aussi des mosquées.
Les mosquées, pourquoi pas ? … mais les assemblées chrétiennes, oh non ! Mon Dieu, fait quelque chose… quoi !
Sur le coup, j’avais un sentiment de colère devant une telle persécution, mais très vite, je me suis dit : « Tiens, le réveil va pouvoir commencer » !
En fait, faut-il vraiment prier et s’acharner pour que nos vieilles outres soient sauvées ? A quoi sont-elles utiles si ce n’est à servir de fond de commerce aux « pro » du ministère ?

Quand la pression devient trop forte et qu’elles finissent par éclater, le vin nouveau peut se répandre, sur les places et sur les marchés et l’église « bocal » peut enfin devenir local ! C’est ce qui est arrivé dans Actes 8 : « Saul approuvait l’exécution d’Etienne. Ce jour-là, une grande persécution éclata contre l’Église de Jérusalem et tous, à l’exception des apôtres, se dispersèrent dans les diverses régions de Judée et de Samarie ».
Il a fallu l’exécution d’Étienne et la persécution qui en suivit, bien longtemps après la Pentecôte, pour que l’église accepte enfin d’obéir à l’injonction de Jésus : « d’être ses témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre ».
L’explosion des vielles outres, plus qu’une persécution de la part du monde, pourrait devenir le coup d’envoi de Dieu du plus grand réveil de tous les temps.
L’Église pourrait enfin se concentrer sur autre chose que préserver « ses valeurs judéo-chrétiennes » qui de toute façon ne sauveront personne, pour enfin entrer dans l’avancement du Royaume de Dieu.
je n’y comprends plus rien,
sans doute une saison de grand troubles, mais aussi un alignement exigeant qui nous rapprochera enfin ensemble en Jésus juifs et non juifs unis à Christ.
Salut, vaste sujet. Alors, qu’est ce que tu proposes ? On se voit bientôt. Géraline
Ma lecture du jour
Esdras 1/1 La première année de Cyrus, roi de Perse, afin que s’accomplît la parole de l’Eternel prononcée par la bouche de Jérémie, l’Eternel réveilla l’esprit de Cyrus, roi de Perse,
Ce lien entre la parole prophétique et le réveil de l’esprit est à méditer pour vivre un réveil
Pourrais tu donner ton avis ?
Chalom