Qu’il est bon pour des frères …
Oh ! Quel plaisir c’est, pour des frères, et quel bonheur que d’être ensemble ! C’est comme l’huile parfumée répandue sur la tête, qui descend sur la barbe, la barbe d’Aaron, et coule jusqu’au bord de ses habits.
C’est comme la rosée qui descend de l’Hermon sur le mont de Sion.
C’est là que l’Éternel accorde sa bénédiction et la vie pour toujours.
Psaume 133

C’est les versets et le thème que Dieu nous avait donnés, lors de notre jeune de Daniel annuel en janvier dernier, quand il nous a demandé d’organiser les 144 heures de Louange et Adoration pour Yom Teruah.
Nous ne savions pas à cette époque combien il deviendrait difficile avec le Covid, de se rassembler dans les mois qui suivraient. Personne ne parlait de confinement et chacun avait son programme établi de réunions, voyages, conférence, etc. Nous avions nous même plusieurs tournées prévues pour le ministère et à titre privé.
Si le coup d’arrêt porté à nos projets a permis à Dieu de parler à beaucoup, en particulier sur la relation intime (verticale) avec lui, il a fait comprendre à certains l’importance de relations fraternelles (horizontales).
J’ai réalisé que l’Église, depuis des siècles, est souvent passée à côté de l’essentiel dans ce domaine. Elle a depuis bien longtemps remplacé les relations par des réunions, si bien que la dimension de communauté a disparu du milieu de nous.
Alors que nous avons dû lutter à certaines époques pour garder notre identité, notre individualité, notre personnalité, l’individualisme aujourd’hui a été élevé au rang de vertu et nous le cultivons comme un droit derrière lequel nous cachons la pauvreté de nos relations fraternelles.
Tenant ce genre de discours à un ami américain, je me suis vu traité de « socialiste » ! Je vous rassurerai donc tout de suite, je ne suis ni socialiste, ni libéral, ni un vieux hippy sur le retour en manque de communauté ! Je suis juste un disciple de Christ qui s’interroge sur ce qui me semble être une dérive qui a rendu l’Église sans consistance pour bien des gens. C’est aussi la raison qui l’a rendu si faible aujourd’hui face aux attaques du diable. Cela va dans le même sens que l’article que j’ai écrit précédemment : « Vous avez dit : cause ? »
Revenons à notre Psaume 133 et regardons ce qu’il nous dit en détail et en substance.
Oh ! Quel plaisir c’est, pour des frères, et quel bonheur que d’être ensemble !
Le mot que nous lisons « être » dans cette version de la bible semeur, ou encore demeurer dans d’autres traductions est le mot « Yâsab » en hébreu. (ישַׁב)
Si nous devions en donner une définition plus précise, elle serait la suivante :

- Sa racine signifie s’assoir (dans le sens de siéger comme dans le Psaume 22 : Tu [Dieu] es le Saint qui siège sur ton trône, au milieu des louanges d’Israël.)
Il ne s’agit pas simplement d’être assis, mais de l’être dans une position d’autorité. - Il signifie aussi s’attarder, prendre du temps, faire alliance, se marier… il y a là une notion importante concernant la durée. Ce n’est pas quelque chose que l’on fait « vite fait ».
- Enfin, une autre notion est celle de garder, de surveiller, le ramener quelque chose à sa place, de restaurer.
Nous voyons dans ces définitions que cela va bien plus loin que le simple fait d’être ensemble dont il s’agit. Bien plus qu’une simple atmosphère de camaraderie joyeuse, même si celle-ci a toute sa place dans nos rassemblements.
En effet, il s’agit de l’appel de Dieu à nous assembler d’une manière où nous allons prendre le temps d’établir des relations de grande qualité, qui durent dans le temps et débouchent sur des alliances.
Cela fait définitivement échos dans mon cœur à Jésus qui nous dit : « Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres ». Ou encore à Paul dans son épitre aux Corinthiens qui nous met en garde : « … si je n’ai pas l’amour, je suis un airain qui résonne, ou une cymbale qui retentit » au même titre que Jean lorsqu’il nous pose la question : « comment peux-tu dire aimer Dieu que tu ne vois pas si tu n’aimes pas son frère est devant tes yeux » ?
Dieu ne nous a pas dit qu’Il allait mettre de l’amour entre nous, Il nous a ordonné de nous aimer. Un ordre su Seigneur doit engendrer une action de notre part. C’est à nous de mettre en œuvre concrètement l’amour reçu de Christ (comme je vous ai aimés) en aimant notre prochain concrètement (aimez-vous les uns les autres).
Pourquoi est-ce si important ?
Parce que de cela dépend réalisation de la suite du Psaume 133 :
- C’est comme l’huile d’onction.
- C’est comme la rosée.
On pourrait dire ainsi que lorsque des frères demeurent ensemble selon la définition que nous avons établie ci-dessus, cette unité, cet amour, c’est comme l’onction et la rosée du Psaume !
L’onction : “C’est comme l’huile parfumée répandue sur la tête,
qui descend sur la barbe, la barbe d’Aaron,
et coule jusqu’au bord de ses habits”.

Pour commencer, l’onction est le symbole de l’autorité (et de la capacité) confiée à une personne pour accomplir une tâche précise. Elle est donnée dans le premier testament à trois types de personnes :
- Les Prêtre, Exode 29 :7 « Et tu prendras l’huile de l’onction, et tu la verseras sur sa tête, et tu l’oindras ».
- Les Rois : 1 Samuel 10.1 « Samuel prit une fiole d’huile qu’il versa sur la tête de Saül. Il l’embrassa et dit : “L’Éternel t’a désigné par onction pour que tu sois le chef de son héritage”. 1 SAM 16 13 “Samuel prit la corne d’huile et le consacra par onction au milieu de ses frères”.
- Et les prophètes : 1 Roi 19.16 “Tu donneras l’onction à Elisée, fils de Schaphath, d’Abel-Mehola, comme prophète à ta place”.
Si nous voulons que l’autorité revienne dans l’église, cela devra passer impérativement par le rétablissement des valeurs du Psaume 133. Nous ne pouvons pas aller combattre le diable en étant divisés contre nous-mêmes. Jésus nous l’a expliqué clairement : “Un royaume divisé contre lui-même ne peut subsister” !

La bénédiction : “C’est comme la rosée qui descend. De l’Hermon sur le mont de Sion.
C’est là que l’Éternel accorde sa bénédiction
Et la vie pour toujours” !
Comme pour l’onction, il semble que la bénédiction ne viendra que si nous sommes en mesure de créer un espace où l’atmosphère décrite dans le Psaume 133 prévaut. Il est impossible de bénéficier de la bénédiction de Dieu quand nous sommes dans une atmosphère dégradée.
Je me souviens, lorsque j’étais un jeune chrétien, comment la joie d’avoir trouvé une assemblée avait rapidement été consumée dans l’atmosphère de division qui y régnait en vue de l’assemblée générale qui devait se tenir dans les prochaines semaines et devait renouveler le “collège d’ancien”. La bénédiction de Dieu ne peut descendre sur les membres d’un peuple divisé.
On entend parfois les gens dire qu’ils ne ressentent pas d’amour dans leur assemblée, et souvent, les ministères de leur répondre, s’il n’y en a pas, tu n’as qu’à en amener plus ! J’ai dit cela plusieurs fois moi-même. Le pasteur en effet ne peut être tenu responsable de toutes les défaillances de l’église. Il est cependant appelé à veiller au sein du troupeau, par son attitude, son enseignement, les choses qu’il met en place, à veiller qu’il est effectivement “bon pour les frères de demeurer ensemble” dans son assemblée.
Comme je le disais au début de cet article, nous avons depuis bien longtemps remplacé les relations par des réunions. En réduisant nos programmes d’église à des réunions où nous permettons à deux ou trois “de faire” plutôt qu’à l’ensemble “d’être” un corps, nous avons tourné le dos à l’évangile tel que vécu par les chrétiens d’Actes 2. “Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières. La crainte s’emparait de chacun, et il se faisait beaucoup de prodiges et de miracles par les apôtres. Tous ceux qui croyaient étaient dans le même lieu, et ils avaient tout en commun. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, et ils en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de chacun. Ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur, louant Dieu, et trouvant grâce auprès de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés”.
Mikaël Réale.