Tu te sens « Charlie » toi ?

Cette semaine, alors que nous commémorons les victimes des attentats de Charlie Hebdo, des policiers assassinés et de l’Hyper Kacher, on nous parle beaucoup dans les médias du slogan « Je suis Charlie ».

Rappel des faits.

En 2015, la France avait été frappée par plusieurs attaques terroristes majeures.

En janvier tout d’abord, des membres d’Al-Qaïda, les frères Kouachi, attaquent le journal Charlie Hebdo, tuant 12 personnes, dont les 5 dessinateurs vedettes de la rédaction. Deux jours plus tard, ce sera une policière et 4 otages qui seront tués lors d’autres attaques à Montrouge et dans un supermarché casher par Amedi Koulibali.

Dès le lendemain de ces attentats, on voit fleurir sur les réseaux sociaux un slogan qui fera le tour du monde, et qui, depuis, revient souvent à la une, sous une forme ou une autre.

JE SUIS CHARLIE est celui que tout le monde retiendra.

Au mois de novembre suivant, des membres de l’État islamique (Daech) mènent une série d’attentats simultanés à Paris, tuant 130 personnes et blessant des centaines d’autres. Les attaques ont touché des lieux emblématiques, tels que le Bataclan, des terrasses de cafés, et le Stade de France.

On parle aujourd’hui beaucoup de l’esprit Charlie, issue du mouvement de solidarité, de défense de la liberté d’expression et d’engagement pour les valeurs démocratiques, né après l’attentat contre Charlie Hebdo. Cet « esprit » symboliserait la résistance face à l’intimidation et à la violence terroriste, ainsi que l’attachement aux droits fondamentaux, notamment la liberté de la presse. Le slogan « Je suis Charlie », largement diffusé après l’attaque, est devenu un emblème de ce mouvement, exprimant le soutien aux victimes et l’engagement collectif contre la haine et la censure.

Il est intéressant de constater que ceux qui, dans la classe politique, portent le plus haut ce slogan, il y a peu de temps encore, hurlaient leur haine des juifs et d’Israël. Comme quoi… Mais ma question aujourd’hui est tout autre.

Ai-je le droit de ne pas être Charlie ?

Malgré mon respect pour toutes les victimes de cette barbarie, j’ai ces jours-ci envie de dire haut et fort : « Non, je ne suis pas Charlie » ! Si on peut trouver mon propos « provocant » pendant cette semaine, il me semble important d’avoir une réflexion sur les limites de l’humour, les valeurs républicaines et la cohésion sociale.

Alors, non, je ne suis pas Charlie, et j’ai le droit, au nom de ces mêmes valeurs républicaines, de le revendiquer, comme de revendiquer ma foi chrétienne.Je n’aime pas l’esprit de ce magazine qui, tout au long de ses pages, moque tous ceux qui ne vont pas dans son sens. Il a fait de l’outrance, de la méchanceté, de l’insulte gratuite son « fond de commerce ». Et non, même aujourd’hui, ne pas aimer Charlie Hebdo n’est absolument pas un crime.

Je fais partie de ceux qui ont l’outrecuidance d’aimer et de prôner des valeurs qui semblent être désuètes à certains. Pour moi, il est important d’aimer, de respecter, et de tendre la main, de ne pas rendre le mal pour le mal. Je crois aussi que je peux arriver à ça avec la grâce de Dieu. J’ai de la compassion pour toutes les victimes de Charlie Hebdo, même si je n’apprécié pas leur journal, et pour leurs familles.

Avoir des opinions critiques ou divergentes sur un journal, ses idées ou son style est tout à fait légitime et ça aussi, ça fait partie de la liberté d’opinion. Je peux ne pas aimer ou désapprouver quelque chose tout en reconnaissant le droit à son existence et à son expression et cela ne remet pas en cause mon respect pour la liberté d’expression.

Dans les médias, je vois des gens se draper dans les valeurs de la république et dans la sacrosainte liberté d’expression, et déplorer que celle-ci pâtisse encore aujourd’hui du recul de la laïcité. Cependant, combien de fois m’a-t-on refusé la liberté d’expression, sous principe de laïcité ? Combien de fois ai-je été insulté sur les réseaux sociaux parce que j’avais dit ne pas adhérer à certaines positions sociétales à cause de ma foi ? Pourquoi me refuse-t-on le droit de m’exprimer, en me traitant de facho, quand je dis que je suis contre l’avortement ?

Le concours proposé par Charlie : être le plus méchant …

Parce que l’esprit Charlie, c’est aussi ça. Insulter, stigmatiser, moquer tous ceux qui ne vont pas dans leur sens. En un mot : ÊTRE MÉCHANT!

Si rien ne doit justifier ni n’encourager la violence ou l’intolérance envers quelques médias que ce soit, cela doit valoir dans les deux sens. Les médias se doivent de respecter la liberté individuelle.

Liberté, Égalité et Fraternité.

Les valeurs fondamentales de la République française sont résumées dans sa devise 

La liberté garantit à chaque individu des droits fondamentaux, comme la liberté d’expression, de conscience, de religion, de réunion, ou encore la liberté de choisir sa vie. Elle s’exerce dans le respect de la loi et des droits des autres.

L’égalité, quant à elle, assure que tous les citoyens sont égaux devant la loi, sans distinction d’origine, de sexe, de religion ou de condition sociale. Elle vise à réduire les inégalités et à garantir à chacun les mêmes opportunités.

La fraternité, enfin, encourage la solidarité et le respect entre les individus, favorisant l’entraide et la cohésion sociale pour construire une société plus juste et harmonieuse.

On ne peut pas décider, au nom de la première valeur de cette devise, de refuser aux autres les deux suivantes que sont l’égalité et la fraternité.

One thought on “Tu te sens « Charlie » toi ?”

  1. On ne peut pas rire ou plaisanter de tout. Derrière la plaisanterie, il y a l’état d’esprit, et là, c’est encore autre chose.
    Alors, je ne suis pas Charlie non plus.

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