Vous avez dit Shabbat ?

Le Shabbat (hébreu : שבת – qui signifie : cessation) est le jour de repos assigné au septième jour de la semaine juive, le samedi, qui commence dès la tombée de la nuit du vendredi soir.

Le principe d’un jour saint, consacré à Dieu au détriment des occupations quotidiennes, a été adopté dans toutes les religions abrahamiques.

Les premiers chrétiens, des Juifs suivant les enseignements de Jésus Christ, avaient conservé le Shabbat. C’est dans les communautés d’origine païennes en particulier à Antioche et à Rome que le dimanche fut déclaré le « Jour du Seigneur » et où l’on commencera à célébrer la mort et la résurrection du Christ. Pour beaucoup d’auteurs chrétiens, c’est, sous le règne de Constantin, une adaptation du « Dies Solis (jour du soleil) païen ». Cela s’étendra peu à peu à toutes les Églises sous l’autorité de l’Église de Rome.

Le désir de « déjudaïser » le christianisme est un aspect marquant de l’institution de l’église romaine d’état. Déjà, dans la deuxième partie du IIe siècle, l’évêque de Rome Victor Ier[1] tentera d’excommunier les églises d’Asie qui continuaient à célébrer Pâques, le même jour que les Juifs.

Pourtant, il semble que la Torah veut nous enseigner, combien grave est le dommage causé aux valeurs de la foi et de la nation par celui qui profane le Shabbat ! En effet, il est fait mention dans le livre des Nombres au chapitre 15 : 32-36 d’un évènement qui nous paraîtra peut-être extrême.

« Les enfants d’Israël étaient dans le désert. Or ils trouvèrent un homme qui ramassait du bois le jour du Shabbat. Ceux qui l’avaient trouvé ramassant du bois le firent approcher de Moïse, d’Aaron et de toute l’assemblée.


On le plaça sous bonne garde, car ce que l’on devait lui faire n’avait pas été expliqué. L’Éternel dit à Moïse : “Il mourra ; que toute l’assemblée le lapide en dehors du camp.” Toute l’assemblée le fit sortir hors du camp, et on le lapida, et il mourut, comme l’Éternel l’avait ordonné à Moïse ».

Une belle avancée sociale que le Shabbat ! Personne ne voudrait remettre en question l’idée même du repos hebdomadaire. Je suis sûr que tous les syndicaux de France accepteraient une « union sacrée » pour défendre cela !

Par contre, il ne viendrait à l’idée d’aucun d’eux de lapider celui qui travaillerait pendant son jour de repos. Ce n’est certainement pas une chose que l’on pourrait appliquer aujourd’hui, autrement on finirait en prison. De plus, cela nous semblerait un tant soit peu démesuré. Non ?

Et pourtant, il s’agit bien de la même « loi », régie par un texte précis de la Parole de Dieu. « Vous observerez le sabbat, car il sera pour vous une chose sainte. Celui qui le profanera sera puni de mort ; celui qui fera quelque ouvrage ce jour-là sera retranché du milieu de son peuple ». Exodus 31 :14

C’est sur la base de cette fameuse loi que les pharisiens voudront faire mourir le Seigneur Jésus. « À cette époque, un jour de sabbat, Jésus traversait des champs de blé. Comme ses disciples avaient faim, ils se mirent à cueillir des épis pour en manger les grains. Quand les pharisiens virent cela, ils dirent à Jésus : regarde tes disciples : ils font ce qui est interdit le jour du sabbat ! Il leur répondit : n’avez-vous donc pas lu ce qu’a fait David lorsque lui et ses compagnons avaient faim ? Il est entré dans le sanctuaire de Dieu et il a mangé avec eux les pains exposés devant Dieu. Or, ni lui ni ses hommes n’avaient le droit d’en manger, ils étaient réservés uniquement aux prêtres. Ou bien, n’avez-vous pas lu dans la Loi que, le jour du sabbat, les prêtres qui travaillent dans le Temple violent la loi sur le sabbat, sans pour cela se rendre coupables d’aucune faute ? Or, je vous le dis : il y a ici plus que le Temple. Ah ! si vous aviez compris le sens de cette parole :

Jésus guérit le jour du Sabbat

Je désire que vous fassiez preuve d’amour envers les autres plutôt que vous m’offriez des sacrifices, vous n’auriez pas condamné ces innocents. Car le Fils de l’homme est maître du sabbat. En partant de là, Jésus se rendit dans l’une de leurs synagogues. Il y avait là un homme paralysé d’une main. Les pharisiens demandèrent à Jésus : a-t-on le droit de guérir quelqu’un le jour du sabbat ? Ils voulaient ainsi pouvoir l’accuser. Mais il leur répondit : supposez que l’un de vous n’ait qu’une seule brebis et qu’un jour de sabbat, elle tombe dans un trou profond. Ne la tirera-t-il pas pour l’en sortir ? Eh bien, un homme a beaucoup plus de valeur qu’une brebis ! Il est donc permis de faire du bien le jour du sabbat. Alors il dit à l’homme : étends la main ! Il la tendit et elle redevint saine, comme l’autre. Les pharisiens sortirent de la synagogue et se concertèrent sur les moyens de faire mourir Jésus ».

Comprenons bien qu’en aucun cas dans cette histoire, Jésus n’a remis en question le principe du Shabbat lorsqu’il déclare : «le Fils de l’homme est maître du sabbat».

Ce qu’Il explique, c’est que ces gens n’ont rien compris à ce que le Shabbat était véritablement. On est pleinement dans ce que Paul déclarera un jour aux Corinthiens : «car la lettre tue, mais l’Esprit vivifie». La lettre était en train de tuer dans le cœur de ces hommes le principe même du Shabbat.

Au-delà des notions de permis et d’interdit, le Shabbat est surtout considéré comme un jour hors du temps et des contingences matérielles, un jour durant lequel on doit se concentrer sur sa famille et sur son Dieu en l’adorant. Cela permettant de nous ressourcer, de prendre un temps particulier afin de ressouder les liens en bénissant son épouse, ses enfants, sa communauté.

Maintenant, si son « principe » est clair dans la bible, comment appliquer notre Shabbat qui n’y est pas décrit particulièrement ?

Il y a évidemment la tradition juive qui a édicté plusieurs centaines de règles concernant le Shabbat, mais celle-ci est-elle à suivre par celui qui est en Christ ? L’application de ces règles nous conduit parfois dans des aberrations tant pratiques que spirituelles.

L’ascenseur « sabbatique » qui s’arrête à tous les étages, évitant aux gens d’appuyer sur les boutons d’appel et les minuteries qui évitent d’utiliser les interrupteurs, car il est interdit d’apporter une touche finale aux objets « la dernière finition, le dernier coup de marteau », ce qui inclut également le fait de fermer un circuit électrique (sic). Le téléphone, tout comme la radio, la télévision et tout ce qui fonctionne à l’électricité tombent sous cette catégorie. Plus de voitures non plus ! Doit-on aussi arrêter son « Pace Maker » quand on est cardiaque ??? Avec tout le respect que je dois à ceux qui pratiquent ainsi leur Shabbat, il faut reconnaître une certaine hypocrisie à tout ça. On est loin de l’esprit du Shabbat.

Par contre, le fait de respecter un jour par semaine, que celui-ci soit le samedi, le dimanche, ou le mardi, afin de prendre ensemble un repos hebdomadaire, de louer Dieu et de bénir autour de nous, demeure un principe auquel tout chrétien devrait se soumettre.

Quand je vois les gens refuser de s’assembler chaque semaine pour célébrer Dieu et la communion fraternelle, sous prétexte de ne pas être religieux, je ne comprends pas.

Paul nous le dit : «Veillons les uns sur les autres pour nous encourager mutuellement à l’amour et à la pratique du bien. Ne prenons pas, comme certains, l’habitude de délaisser nos réunions. Au contraire, encourageons-nous mutuellement, et cela d’autant plus que vous voyez se rapprocher le jour du Seigneur.» Hébreux 10 : 24-25.

Autre chose maintenant, si un jour précis, quel qu’il soit, n’est pas défini d’un commun accord, comment faisons-nous pour nous assembler ? Depuis quelques années je vois les gouvernements chercher à abolir le principe du repos dominical au profit du repos hebdomadaire. Autrement dit, plus de distinction entre les jours du moment où les salariés ont droit à deux jours de congé. Il parait que cela aiderait l’économie via la consommation. Maintenant, je doute qu’un salarié qui touche 1200 euros par mois dépense plus si on lui donne l’occasion de faire ses courses 7 jours sur 7 plutôt que 6 jours sur 7 ! Mais si l’on met cette idée en pratique, on pourrait bien vite avoir : Papa de repos mardi et mercredi ; maman ce serait jeudi et vendredi et les enfants samedi et dimanche…  Comment fait-on pour passer un moment en famille ? Sans parler de se réunir en tant qu’église ?

Je peux vous garantir que Satan ne veut pas que nous entrions dans le repos (Shabbat) de Dieu ! Il connaît trop bien les enjeux de ce principe !


[1] Victor Ier fut, selon la tradition catholique, le 14e évêque de Rome, c’est-à-dire le 13e successeur de saint Pierre au souverain pontificat. Il était d’origine berbère.

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