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Si l’Éternel ne bâtit la maison, en vain les bâtisseurs travaillent.

Si l’Éternel ne garde pas la ville, en vain la sentinelle veille. Oui, il est vain de vous lever très tôt et de vous coucher tard et de vous donner tant de peine pour gagner votre pain. Dieu en donne autant à ceux qui lui sont chers pendant qu’ils dorment. Des fils : voilà bien l’héritage que donne l’Éternel, oui, des enfants sont une récompense. Ils sont pareils aux flèches dans la main d’un archer, les fils de la jeunesse. Heureux est l’homme dont le carquois en est rempli ! Il ne connaîtra pas la honte quand il plaidera contre l’ennemi aux portes de la ville. Psaume 127
Quelle est la différence fondamentale entre un adulte et un père ? La réponse est simple, l’un est physiologiquement apte à enfanter, l’autre l’a fait.
En lisant ce texte, je réalise deux choses que beaucoup d’entre nous perdent de vue. La première, c’est que nous ne sommes pas indispensables, seul Dieu l’est ! La seconde, c’est que nous sommes appelés à être des pères. Beaucoup de serviteurs de Dieu ont le sentiment qu’ils sont indispensables à l’œuvre dont ils ont la charge. Ils croient, parfois à juste titre, qu’ils sont les plus aptes à occuper la place qu’ils occupent. Quand ce n’est pas toutes les places de l’église.
Ils sont tellement partout et en tout que bientôt, plus rien de ce qui se fait n’est fait sans eux et ils ont vite le sentiment que s’ils n’étaient pas là, rien n’irait de l’avant !
Ce genre de sentiments les amènent à proclamer et à croire des choses aberrantes : MON église, MES brebis, MON ministère… Dieu nous rappelle qu’Il est le Berger, le Maître de la vigne, que la moisson Lui appartient. En un mot, que nous ne sommes que SES intendants !
Je crois que de nos jours encore, Jésus pourrait rappeler la parabole des mauvais vignerons de Matthieu 21:33 à 39 à de nombreux « serviteur » !
Dieu nous explique qu’Il attend de nous que nous collaborions avec lui, pas que nous lui expliquions comment Il doit agir pour bâtir son œuvre ! C’est lui qui bâtit, autrement, nous nous épuisons en vain. Il connaît le bon endroit, le bon moment, les bons matériaux, et alors ce qui bâtit dure à long terme.
Beaucoup on comprit cela dans les premières années de leur ministère. Conscients de leurs faiblesses, ils laissent Dieu agir pleinement et souvent sont témoins de choses merveilleuses.
Puis, après avoir laissé Dieu bâtir, finissent par penser que la vigne est devenue leur propriété. Ils la gardent tant et si bien que Dieu lui-même n’y a plus l’accès ! Si l’Éternel ne garde la ville, celui qui la garde veille en vain. Qui est plus à même que Dieu pour surveiller et soigner SA vigne ?!?
« Voici, des fils sont un héritage de l’Éternel »…

Le deuxième aspect de ce texte consiste dans le rôle que Dieu nous confie dans son œuvre. Celui d’être des géniteurs spirituels.
L’Éternel nous explique qu’un temps vient dans chaque œuvre, dans chaque vie, où ce n’est plus le père qui se tient devant l’ennemi à la porte, mais ses fils. Pour cela faut-il encore qu’il ait enfanté.
Tout père est amené un jour à quitter la position d’autorité qu’il détient dans la vie de son fils, afin que celui-ci puisse devenir père à son tour. « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair ».
Il arrive un temps où chacun est appelé à libérer ses enfants dans leur propre vie.
Dieu n’a jamais prévu que nous devenions des adultes, mais des pères spirituels. Lorsque Jean nous parle de l’évolution logique du chrétien, il le fait en décrivant les trois phases suivantes :
Les petits enfants, les jeunes gens, les Pères
« Je vous écris ceci, enfants : vos péchés vous sont pardonnés à cause de ce que Jésus-Christ a fait. Je vous écris ceci, pères : vous connaissez celui qui est dès le commencement. Je vous écris ceci, jeunes gens : vous avez vaincu le diable. Je vous le confirme, enfants : vous connaissez le Père. Je vous le confirme, pères : vous connaissez celui qui est dès le commencement. Je vous le confirme, jeunes gens : vous êtes forts, la Parole de Dieu demeure en vous et vous avez vaincu le diable ». 1 Jean 2 : 12 à 14
Contrairement à celles que Jean fait aux enfants et aux jeunes gens, les deux remarques faites aux pères sont identiques : « parce que vous avez connu celui qui est dès le commencement ». Les pères spirituels sont ceux qui ont connu Dieu !
Le terme grec utilisé dans ce texte pour le verbe connaître est : « ginosko » qui implique une connaissance particulièrement intime, induite par une expérience personnelle et obtenue par la proximité de la chose connue.
Autrement dit, un père, c’est une personne qui est particulièrement proche de Dieu, avec qui ce dernier partage son intimité et qui va pouvoir enfanter de futur père qui à leur tour pourront entrer dans l’intimité de Dieu.

Dans toutes les cultures, les parents sont ceux qui transmettent d’une génération à l’autre les valeurs communes et ont pour rôle d’assurer la pérennité de la civilisation à laquelle ils appartiennent.
Ce sont les parents qui transmettent l’état civil de leurs enfants.
Cette identité leur donne ce sentiment d’appartenir à un groupe et d’y être fidèles.
De la même manière, dans l’Église, les pères (mères) doivent transmettre cela à leurs enfants spirituels.
Le problème auquel l’église doit faire face aujourd’hui, c’est le manque de cette identité en Christ sans laquelle ils ont des difficultés à passer de la position d’esclave du péché et de la mort à la position d’homme libre, de la position d’étranger au Peuple de Dieu à la position d’héritier du Royaume de Dieu ! Cette nouvelle identité ne pourra être transmise que par un père ou une mère. Un adulte en Christ n’est pas capable de transmette son identité sans devenir père.
Les parents cherchent en général à prospérer pour laisser quelque chose à leurs enfants. Cet héritage, même s’il est des plus modeste, comprendra au minimum l’identité. Ensuite, pour porter ce nom avec honneur, le père va éduquer ses enfants. « Allez, faites de toutes les nations des disciples… et enseignez-leur… »
Enfin le rôle du père est de donner à ses enfants ce sentiment d’appartenance à une nation. C’est lui transmet à ses enfants sa nationalité, avec les droits que cela implique, mais aussi les devoirs ! « ainsi, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps en Christ, et nous sommes tous membres les uns des autres ». Romains 12:5
Où sont les pères ?
De tout temps, lorsqu’une civilisation a voulu en annihiler une autre, elle a fait en sorte de briser la continuité entre les générations en séparant les enfants de leurs parents afin de couper ceux-ci de leurs racines. C’est ce que le diable s’acharne depuis longtemps à faire lui aussi !
Nous pouvons constater à quel point le diable s’est acharné sur la cellule familiale. Le résultat est que toute une génération a perdu ses racines et se retrouve ballotter de tous bords, en proie à la première mode qui passe ou est ballotée au premier vent de doctrine.
Cette situation de rupture se retrouve aussi dans l’église qui depuis bien trop longtemps a formé des adultes plutôt que de former des pères.
Comprenons que Dieu est bien moins intéressé par ce que nous savons ou faisons, que par ce que nous sommes.
Un bon père en Christ n’est pas celui qui peut apporter toute la connaissance de la parole de Dieu, ni toute la puissance du Saint-Esprit, ni toute la fidélité à sa congrégation. Un bon père, c’est celui qui va transmettre à ses enfants spirituels le Cœur du Père céleste et amener ses enfants à cette intimité afin qu’ils connaissent celui qui est dès le commencement et qu’à leur tour ils deviennent père.
Mikaël REALE