Vrai ou faux ?

Ou sommes nous réellement credible ???

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Il y a quelques jours, je regardais un débat à la télévision sur l’écologie où s’opposaient un « écolo-bobo », un « écolo-politique » et un « expert » en mobilité qui accusait l’un et l’autre de ne pas être dans leur pratique de l’écologie en accord avec les principes mêmes de celle-ci. Cela m’a rappelé une expérience vécue dans mon ministère.

Un jour, alors que je questionnais un pasteur évangélique sur le fondement biblique d’une pratique inérante à sa dénomination, il en fut incapable.

« J’ai appris ça à l’école biblique et c’est comme ça que nous avons toujours fait les choses, mais en effet je ne peux l’expliquer bibliquement » me dit-il.

Réfléchissant à sa réponse, j’ai alors moi-même conduit une analyse de pratique de mon ministère pastoral pour m’apercevoir qu’un certain nombre de mes positions avait bien du mal à résister à une confrontation avec la Parole de Dieu. Bien sûr, elle assurait à mon ministère un certain succès, mais que valait-il aux yeux de Dieu ? Je ne répondrai pas à cette question, car je ne suis pas à même de juger cela. Cependant, il m’a été nécessaire de reconnaitre qu’il y avait parfois un gouffre entre ma pratique de l’évangile et ce que la bible en disait. Pas étonnant que de plus en plus de gens deviennent sceptiques quand on se présente en tant que Chrétien, et plus encore en tant que Pasteur.

Climate-change sceptic:
At your age, it’s definitely menopause!

On entend depuis quelques années le terme « sceptique » accolé à de nombreuses expressions comme : climato-sceptique, euro-sceptique, covido-sceptique, etc.

I

En fait le scepticisme semble toucher tous les domaines de l’information tant nous avons été habitués aux demi-vérités et aux vrais mensonges. Nous ne pouvons dire que le scepticisme soit intrinsèquement mauvais ou bon. Il est à la source de toutes les grandes découvertes et nous permet d’aller voir au-delà des apparences.

Nous sommes en cela les héritiers, une fois de plus, de la pensée grecque qui a façonné depuis des millénaires l’approche intellectuelle et culturelle de l’Occident.

Rejeté cependant par l’église qui le considérait comme l’opposé de la foi qui se devait d’être aveugle « Or la foi est une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas »[1], le scepticisme nous a manqué dans notre compréhension de l’Évangile, dans la façon dont nous l’appliquons et dans la capacité de mettre en question les traditions humaines que l’institution nous imposait.

D’un autre côté, notre scepticisme est un véritable frein à recevoir le Royaume de Dieu. « Et Jésus les appela, et dit : Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas ; car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent »[2].


[1] Hébreux 11 : 1

[2] Luc 18 : 16

Dans le débat sur l’écologie, ce que reprochait l’expert était le manque d’adéquation entre la théorie et la pratique de l’écologie par ceux qui s’en prétendaient les défenseurs.

Ce reproche s’applique de la même façon au corps de Christ. Combien de fois en ai-je fait les frais, en particulier dans le cercle familial. Combien de fois m’a-t-on mis face aux incohérences entre le discours et la pratique !

Bucket Challenge en vogue il ya quelques mois sur les réseaux sociaux, proposé aux gens de se verser un sceau d’eau glacé sur la tête pour faire connaître des “causes” dont le réchauffement climatique !

Quand Cathy et moi étions à l’école biblique en 1991, nous avions eu un cours sur l’évangélisation dans lequel l’orateur nous avez dit : « Un évangile non prêché ne sera pas confirmé par le Seigneur, mais un évangile non confirmé par la puissance de Dieu ne sera pas crédible » ! Comme vous pouvez le constater, nous étions dans un cadre très pentecôtiste !

Cela posait bien évidemment une question. Nous étions régulièrement dans les rues ou dans l’église à prêcher l’évangile, mais devions reconnaître que celui-ci n’était pas si souvent confirmé par une manifestation de puissance et de guérison.

Des tas de raisons étaient donnés pour l’expliquer. Nous ne vivions plus dans le temps des miracles, cela était réservé aux apôtres, nous ne prêchions pas le vrai évangile, pas pour les bonnes motivations, Dieu est souverain. Tout le monde y allait de son explication ou de sa « recette miracle » et nombre de livres étaient publiés… J’en ai lu un certain nombre jusqu’à ce que je réalise que je passais une fois de plus à côté de l’essentiel.

Ce qui rendrait crédible ma prédication de l’évangile n’était pas le nombre de miracles qui s’opéraient dans mon ministère, mais l’adéquation entre ma vie et ma prédication, en particulier dans un domaine : « Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres »[1].

Les scandales à répétition, l’arrogance de certain prédicateur, les parti-pris politiques parfois douteux, le racisme latent, l’évangile de la prospérité qui relègue les plus pauvres à des chrétiens de seconde zone, l’orgueil de se croire si supérieur au reste de ce monde et surtout le jugement permanent posé sur lui que nous sommes si prompts à condamner et si peu enclin à aimer comme le Père l’a fait : Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique… [2]

La vérité, c’est que notre évangile n’est pas crédible à cause de la dichotomie que nous avons établie entre notre vie spirituelle et notre vie tout court. Là encore, merci encore à la pensée grecque. Nous ne trouvons plus utile d’appliquer les principes les plus fondamentaux de l’évangile comme le fruit de l’Esprit au profit de ce qui nous semble plus approprié ou facile d’exercer.


[1] Jean 13 : 34

[2] Jean 3 : 16

Le Seigneur m’a dit il y a 2 ans maintenant, vous avez remplacé la communion par des réunions, et vous espérez que je me manifeste dans vos réunions ???

Janvier 2020 durant notre jeune de Daniel.
What if worship services were also this!

Il est tant que nous posions les bonnes questions, quitte à rejeter nos traditions, et à se mettre à vivre l’Évangile avec un « E majuscule ». Peut-être perdrons-nous en superbe et en contrôle, mais au moins nous gagnerons en crédibilité.

Mikaël REALE


[1] Hébreux 11 : 1

[2] Luc 18 : 16

[3] Jean 13 : 34

[4] Jean 3 : 16

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