PAS DE RETOUR EN ARRIÈRE…

Hier, je lisais dans la bible (Jérémie chapitres 41 42 et 43) une histoire qui m’a interpellé.

Nous sommes au moment de la déportation de Juda vers Babylone. Malgré les avertissements nombreux de Jérémie, et d’autres prophètes, la repentance (2 Chron. 7-14) attendue par Dieu n’est pas venue, les décisions qui pouvaient changer le cours des choses n’ont pas été prises et le petit reste de juifs autorisés à rester dans le pays sombre dans le chaos. Un homme du nom d’Ismaël, fils de Nethania, assassine et pille le peuple, un autre, Jochanan, fils de Karéach, le poursuit et libère le peuple de sa tyrannie, puis décide de se retirer en Égypte, loin des Babyloniens dont il redoute la réaction suite à l’assassinat de l’homme que le roi de Babylone avait désigné gouverneur du pays.

Mais avant de partir, les dirigeants du peuple approchent le prophète Jérémie : « Intercède auprès de l’Éternel, ton Dieu, en faveur de ce qui reste de nous… Que l’Éternel, ton Dieu, nous révèle le chemin à suivre et la parole à respecter ! » Ils dirent encore à Jérémie : « Que cela nous plaise ou pas, nous obéirons à l’Éternel, notre Dieu, vers qui nous t’envoyons, afin qu’il nous arrive du bien. Oui, nous obéirons à l’Éternel, notre Dieu. »

Au bout de 10 jours, la parole de l’Éternel est adressée à Jérémie, « Voici ce que dit l’Éternel, le Dieu d’Israël, si vous persévérez à habiter ce pays, je vous restaurerai pour ne plus vous détruire, je vous planterai pour ne plus vous arracher… N’ayez pas peur du roi de Babylone… Je lui inspirerai de la compassion pour vous et il aura pitié de vous, au point qu’il vous laissera revenir sur votre terre… Si en revanche vous refusez d’obéir à l’Eternel, votre Dieu, si vous décidez vraiment d’aller en Égypte, l’épée dont vous avez si peur vous atteindra là-bas en Égypte, la famine que vous redoutez tant s’attachera à vous là-bas et c’est là-bas que vous mourrez.

Lorsque Jérémie eut fini de donner les paroles de l’Éternel, Azaria, fils d’Hosée, Jochanan, fils de Karéach, et tous les hommes orgueilleux dirent à Jérémie : “Tu dis des mensonges ! Nous irons en Égypte… C’est Baruc, fils de Nérija, qui te manipule contre nous pour nous livrer entre les mains des Babyloniens, afin qu’ils nous tuent ou nous exilent à Babylone.”

Voilà, 900 ans après être sortie d’Égypte, on se retrouve au même point, pourquoi nous as-tu fait sortir de notre sécurité pour nous amener dans le désert ? Pourquoi nous libérer d’une servitude dans laquelle nous ne nous sentons pas si mal, retournons en Égypte… là-bas nous avions des oignons… et puis on faisait des briques, on se sentait utiles… ici, on ne fait plus rien… on sert un Dieu qu’on ne voit même pas… si au moins tu n’avais pas détruit notre “veau d’or”… les choses étaient bien plus faciles avant, même si elles n’avaient pas grand sens…

Je prête ces pensées aux juifs du temps de Jérémie, mais en fait, ce sont celles, sous d’autres formes bien sûr, de beaucoup de chrétiens et hélas de leader d’églises. Aujourd’hui, face à cette crise mondiale, sanitaire, économique, politique, sociétale… nous voudrions juste que les choses redeviennent comme avant.

Alors comme le gouvernement qui a mis l’économie sous cloche à coup de milliards qu’il n’a pas, nous mettons l’église sous cloche à coup de zoom et de Facebook live, en espérant reprendre au plus vite nos activités, “Business as usual” ! On fait le dos rond en attendant que passe la vague, en essayant de fidéliser au maximum nos ouailles “online”, de peur qu’ils ne trouvent ailleurs des programmes qui leur seraient plus attractifs. On les occupe en attendant de pouvoir les ramener dans notre enclos au plus vite…

Je n’ai rien contre l’utilisation d’outil de communication comme ceux-ci, je les utilises moi-même. Mais si l’église 2.zéro est une suite à l’identique de celle de 2019, on va vers un problème sérieux.

Le neuropsychiatre et philosophe Boris Cyrulnik invité sur France Inter déclarait il y a quelques jours : “Nous ne faisons pas face à une crise, nous faisons face à une catastrophe, à la suite d’une catastrophe, il y a toujours un changement radical qui s’opère”.

Je crois personnellement que c’est une bonne chose, car ce que nous avons fait de l’église n’a visiblement rien à voir avec le plan initial de Dieu. Je me souviens, lorsque nous étions au collège biblique, il y a 30 ans cette année, avoir partagé à l’un de mes professeurs que lorsque je lisais dans le livre des actes combien était puissante l’église de Jésus, je ne comprenais pas comment nous étions si faibles aujourd’hui, alors que nous étions bien plus nombreux et avions bien plus de moyens. Sa réponse a été : Elle correspond simplement à son époque qui était différente de la nôtre, et que nous ne devions pas envier l’Église primitive, mais chercher ce que Dieu veut pour l’église aujourd’hui. J’ai répondu amen à cela… mais 30 ans plus tard, je me demande… Dieu aurait-il changé d’avis ? A-t-Il vraiment prévu que nous devenions ce que nous sommes aujourd’hui ? Son plan était-il que nous devenions des institutions fonctionnant tellement dans le siècle présent qu’il est de plus en plus difficile de faire la différence entre le monde et l’église.

Pourtant, Romains 12:2 nous le dit bien : “Ne vous conformez pas au monde actuel, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence afin de discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait”. Au lieu de ça, nous courrons bâtir des “Conseils de ci, fédération de ça” pour ne pas passer pour des sectes, pour nous conformer, pour nous légitimer, mettant notre foi dans les nouveaux pharaons, mi-dieux mi-dirigeants politiques. Et nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour devenir acceptable aux yeux de ce monde. Moïse l’avait compris, c’est impossible de servir Dieu et d’être accepté par l’Égypte. Exode 8:22 : “Moïse répondit : Il n’est point convenable de faire ainsi ; car nous offririons à l’Éternel, notre Dieu, des sacrifices qui sont en abomination aux Égyptiens. Et si nous offrons, sous leurs yeux, des sacrifices qui sont en abomination aux Égyptiens, ne nous lapideront-ils pas ? Nous ferons trois journées de marche dans le désert, et nous offrirons des sacrifices à l’Éternel, notre Dieu, selon ce qu’Il nous dira”.

Si l’on veut servir Dieu « selon ce qu’Il nous dira », nous n’aurons pas le choix de ne pas nous conformer au siècle présent. L’un des verset que les gens ont le plus cité ces dernières semaines, de façon prophétique est celui que je partageais plus haut en racontant l’histoire du reste de Juda. 2 Chroniques 7:14 : « si mon peuple sur qui est invoqué mon nom s’humilie, prie, et cherche ma face, et s’il se détourne de ses mauvaises voies, je l’exaucerai des cieux, je lui pardonnerai son péché, et je guérirai son pays ».

Retourner au buisson ardent … ou dans la chambre haute de la pentecôte.

Je crois véritablement que Dieu veut guérir son église, qu’Il veut exaucer ses prières, qu’Il veut qu’elle resplendisse comme la lumière au milieu des ténèbres. Mais pour cela il faut d’abord qu’elle s’humilie, qu’elle prie, qu’elle cherche la face d’Adonaï, qu’elle redevienne une « maison de prières » et qu’elle revienne à lui en cessant de faire sa propre volonté.

C’est tout l’enjeu de la situation actuelle. Comme Jésus nous l’a dit, rendons à César ce qui lui appartient pour donner à Dieu ce qui lui revient, son église, nos vies, nos couronnes. Disons comme Paul, ce n’est plus moi qui vit, c’est Christ qui vit en moi et qui dit : “Pas ma volonté Père, mais la tienne…”

Alors nous verrons sa gloire !

Mikaël RÉALE

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