Il y a une image de Jésus qui ne correspond pas avec l’image idyllique que nous nous sommes créée de Lui. Un Jésus qui semble se mettre en colère de façon assez violente. L’épisode figure dans les quatre évangiles, ce qui nous permet d’en déduire son importance.
Marc 11 : 15-17 : « Ils arrivèrent à Jérusalem, et Jésus entra dans le temple. Il se mit à chasser ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple ; il renversa les tables des changeurs, et les sièges des vendeurs de pigeons ; et il ne laissait personne transporter aucun objet à travers le temple. Et il enseignait et disait : N’est-il pas écrit : Ma maison sera appelée une maison de prière pour toutes les nations ? Mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs ».

Nous devons commencer par remettre cette histoire dans son contexte. A cette époque la diaspora juive a touché toutes les nations de l’Empire romain. Et elle y a fait des prosélytes de toutes races et nations. (L’eunuque éthiopien, Corneil le Romain, des Grecs, des Macédoniens, des Égyptiens, etc.).
Jérusalem était rempli de ces pèlerins venus pour la Pâque.
Dans cette cour du temple, réservée aux « gentils » un marché s’était ouvert dans lequel des changeurs d’argent s’étaient installés. En effet, les monnaies étrangères ne pouvaient pas être utilisées dans le Temple à cause des images qui y étaient inscrites. Tout étranger qui voulait de coup faire une offrande au temple se devait de passer par un changeur, tout comme les Juifs qui devaient payer l’impôt annuel. Il semble que le temple était devenu une sorte de place financière, avec un rôle politique accru. D’autre part, cette activité de change rapporté un revenue considérable au prêtre qui en avait le monopole.
C’est dans ce contexte que Jésus intervient. Mais au-delà de l’aspect financier de l’affaire, ce qui l’agresse le plus tient dans la question qu’Il pose : « N’est-il pas écrit : Ma maison sera appelée une maison de prière pour toutes les nations ? »
Tout ce système, qui n’a aucune fondation dans la Torah, établit un mur entre le temple de Dieu et les nations, alors que celui-ci est censé être une maison de prières pour toutes les nations. Ce temple n’est pas celui des Juifs, c’est celui de Dieu !
En citant le prophète Esaïe à ses interlocuteurs, Jésus rappelle que Plan de Dieu en choisissant Abram et de bénir toutes les nations. D’où le changement de nom de Genèse, 17 : 5 : « Et l’on ne t’appellera plus Abram, mais ton nom sera Abraham, car je te fais père d’une multitude de nations ».
Plus tard, en obéissant à Dieu lorsque celui-ci lui demande Isaac en sacrifice, préfiguration christique par excellence, Abraham ouvre la voie pour la rédemption des nations. Genèse 22 : 15-18 : «L’ange de l’Eternel appela une seconde fois Abraham des cieux, et dit : Je le jure par moi-même, parole de l’Eternel ! parce que tu as fait cela, et que tu n’as pas refusé ton fils, ton unique, je te bénirai et je multiplierai ta postérité, comme les étoiles du ciel et comme le sable qui est sur le bord de la mer ; et ta postérité possédera la porte de ses ennemis. Toutes les nations de la terre seront bénies en ta postérité, parce que tu as obéi à ma voix.

Comment Jésus, l’agneau immolé qui enlève le pécher du monde (pas seulement des juifs) pourrait-il supporter de voir les étrangers qui viennent adorer Dieu, être humiliés et asservis de la sorte par ceux qui devaient être les porteurs du salut ? Ils se targuent d’être des enfants d’Abraham alors qu’ils tournent le dos à ce dernier !
« Produisez donc du fruit digne de la repentance, et ne prétendez pas dire en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père ! Car je vous déclare que de ces pierres-ci Dieu peut susciter des enfants à Abraham ». Mat : 3 8-9
Le plan de Dieu a toujours été de ne faire qu’un d’Israël et des nations. « Car il est notre paix, lui qui des deux n’en a fait qu’un, et qui a renversé le mur de séparation » Éphésien 2:14
LE SOREG ou LE MUR DE L’INIMITIÉ
C’est lui que Jésus est venu détruire !

Galates 3 : 28 « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus-Christ ».
Ephesians 2:13-14 : “Mais maintenant, par votre union avec le Christ, Jésus, vous qui, autrefois, étiez loin, vous êtes devenus proches grâce au sacrifice du Christ. Car nous lui devons notre paix. Il a, en effet, instauré l’unité entre les Juifs et les non-juifs et abattu le mur qui les séparait : en livrant son corps à la mort, il a annulé les effets de ce qui faisait d’eux des ennemis, par sa mort, il a rendu sans effet la loi avec ses commandements et leurs règles, afin de créer en lui-même un seul homme nouveau à partir des deux, établissant ainsi la paix.”.

L’abrogation de la loi dont il est question en Ép. 2,15 est liée à la disparition de la haine qui oppose Juifs et non-juifs. La loi juive serait-elle donc une cause de haine ? On pourrait le considérer quand on parle de la loi rabbinique qui avait remplacé et qui remplace encore souvent la loi de Dieu. Il est vrai que cette loi rabbinique imposait aux Juifs de limiter le contact avec les non-juifs. En effet, les païens étaient considérés comme rituellement impurs. Un Juif devait éviter autant que possible d’entrer dans une maison païenne ou de manger avec des non-juifs. Les règles concernées n’étaient pas, en réalité, nées de l’animosité à l’égard des étrangers, mais d’impératifs strictement religieux. Cependant, et depuis toujours la loi mosaïque exige l’acceptation de l’étranger. Dans Exode (22,20), au beau milieu du désert, Dieu donne une première consigne à son peuple : « Tu ne maltraiteras pas l’étranger, ni ne l’opprimeras, », mais en Deutéronome 10,19, Dieu franchit un pas de plus : « Tu aimeras l’étranger, car au pays d’Égypte vous étiez étrangers » pour atteindre la recommandation ultime, en Lévitique 19,34 : « L’étranger qui réside avec vous sera pour vous comme un compatriote et tu l’aimeras comme toi-même, car vous avez été étrangers au pays d’Égypte ».

En fait, il semble que Paul fait bien la distinction entre la Loi de Dieu et la loi rabbinique qui était une interprétation religieuse des principes divins.
Si la Torah, donnée au Sinaï, fut élaborée à travers un grand nombre de commandements révélés dans le désert, par la suite elle fut assortie d’ordonnances qui ne figuraient pas dans l’Écriture, mais relevaient de l’interprétation des chefs religieux et constituaient la partie essentielle quand il s’agissait de la mettre en pratique. Historiquement, elles font leur apparition pour la première fois dans la littérature apocryphe écrite entre le dernier livre du Tanach et l’évangile de Matthieu (Jubilés 22,16 ; Tobit 1,10-11 ; Judith 10,5 ; 12.1-4.).
Dans l’Église primitive, la loi (tradition) rabbinique devint intolérable en son principe. Au nom de cet aspect de la loi, les croyants d’origine juive considéraient comme illicite le fait d’entrer dans la maison d’un croyant d’origine païenne ; la communauté de table était interdite. Comment dans ces circonstances vivre l’unité en Christ ?
L’épitre aux Galates nous donne un exemple de ce que ces lois rabbiniques amenaient comme trouble dans l’Église primitive. « Mais lorsque Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il était répréhensible. En effet, avant l’arrivée de quelques personnes de l’entourage de Jacques, il mangeait avec les païens, et, quand elles furent venues, il s’esquiva et se tint à l’écart, par crainte des circoncis. Avec lui les autres Juifs usèrent aussi de dissimulation, en sorte que Barnabas même fut entraîné par leur hypocrisie. Voyant qu’ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l’Évangile, je dis à Céphas en présence de tous : Si toi qui es Juif, tu vis à la manière des païens et non à la manière des Juifs, pourquoi forces-tu les païens à judaïser ? ».
Si en effet par la modification des termes de son application, l’œuvre du Christ affecte toute la loi, le passage d’Éphésiens 2 n’implique pas l’abolition pure et simple de la Torah. Christ annule les applications qui génèrent une séparation et qui créent la haine entre Juifs et non-juifs. Ainsi, le verset s’accorde avec d’autres passages dans les épîtres de Paul qui semblent présupposer qu’un Juif venu à la foi en Jésus continuera normalement à pratiquer les commandements, tout comme un croyant des nations ni sera pas tenu.
Romain 14 : 4-6 : « Qui es-tu, toi qui juges un serviteur d’autrui ? S’il se tient debout, ou s’il tombe, cela regarde son maître. Mais il se tiendra debout, car le Seigneur a le pouvoir de l’affermir. Tel fait une distinction entre les jours ; tel autre les estime tous égaux. Que chacun ait en son esprit une pleine conviction. Celui qui distingue entre les jours agit ainsi pour le Seigneur. Celui qui mange, c’est pour le Seigneur qu’il mange, car il rend grâces à Dieu ; celui qui ne mange pas, c’est pour le Seigneur qu’il ne mange pas, et il rend grâces à Dieu ! »
L’auteur de l’épitre au Romain semble renvoyer dos à dos dans ce texte ceux qui d’origines juives ou païennes voudrait imposer aux autres leur façon de fonctionner. Je crois que beaucoup de disciples de Christ Yeshoua, qu’ils soient Chrétiens ou Juifs Messianiques, devraient relire cette épitre aux Romains avant de se fustiger les uns les autres.
Au quatrième siècle, l’organisation ecclésiale fondée par l’empereur Constantin a reconstruit le Sogel que Jésus avait abattu, pour y enfermer les juifs comme dans un ghetto qui a subsisté jusqu’au ghetto juif du 20e siècle.
Aujourd’hui, je vois certaines communautés messianiques qui ont aussi reconstruit le Sogel pour exclure les chrétiens qui refusent de se soumettre à la loi. L’antisémitisme dans certaines assemblées surfant sur la théologie du remplacement double ce mur de barbelés. Il semblerait que le mur d’inimitié n’ai jamais été aussi haut et infranchissable.
Pourtant Jésus revient pour chercher une épouse, pas deux. Juifs et non-juifs ensemble greffé sur une même racine, celle de la grâce manifestée en Yeshoua !
Romans 11:23-24

« Eux de même, s’ils ne persistent pas dans l’incrédulité, ils seront greffés ; car Dieu est puissant pour les greffer de nouveau. Si toi, tu as été coupé de l’olivier sauvage selon sa nature, et greffé
contrairement à ta nature sur l’olivier franc, à plus forte raison eux seront-ils greffés selon leur nature sur leur propre olivier ». Il n’y a de vie que quand on est rattaché à la racine, que nous soyons juifs ou païens. Jésus nous l’a dit « Je suis le cep, vous êtes les sarments… » c’est à lui que nous devons la vie.
Excellent rappel remplie de connaissances de sagesse et d’équilibre .
Une perspective prophétique d’actualité à prendre très au sérieux .
Merci pour ce beau travail 👏
Amen ! Merci pour cet enseignement ! Merci Seigneur, que Ta volonté soit faite !